Elaine Leeder

Le Féminisme comme processus anarchiste

La Pratique de l’anarcha-féminisme

« Lorsque Tiamat créa le monde, elle le créa complet et sans division afin que la vie s’écoule spontanément entre l’obscurité et la lumière, entre les saisons, la naissance et la mort et toutes les faces de la lune et du soleil brillaient sur les êtres intelligents, les humains, sans être séparés, classés en catégories, analysés, possédés. Puis le fils de Tiamat développa son pouvoir et renversa sa mère, la découpa en tous petits morceaux et les éparpilla. De ces morceaux, il fit son nouveau monde, où tout avait sa place attitrée, son numéro. De là, les hommes l’appelèrent le créateur. Le nom de Tiamat était encore connu et elle était vénérée par les femmes, mais les hommes la craignait désormais comme la déesse du Chaos, de la destruction, — de l’ anarchie. »

Z. Budapest

Depuis ces quatre dernières années, je me suis revendiquée anarcha-féministe. J’ai participé à des groupes, réunions publiques et conférences anarcha-féministes et j’ai donné des cours à travers la méthode de petits groupes. A travers mon expérience, j’ai pris conscience que l’interaction dans tous les groupes de femmes avait une couleur et un style unique et que cela était particulièrement vrai dans les groupes féministes. Ce style a été appelé le le procédé de la « mosaïque ».[1] Il contraste avec la pensée traditionnelle « linéaire » qui a envahi les interactions humaines dans cette société. Les caractéristiques de la compétition et de la hiérarchie font partie intégrante du système capitaliste. Des arguments logiques, linéaires, sont utilisées dans les discussions pour perpétuer les valeurs de ce système. La pensée linéaire a pour but d’étayer ou de contester une hypothèse. Dans ce mode de pensée, peu de valeur a été accordé aux valeurs féminines de coopération, d’émotion et d’intuition. Le modèle de la mosaïque qu’utilise les femmes comprend une structure de soutien avec considérablement moins de compétition.[2] Il utilise des matériaux anecdotique, encourage l’interjection de remarques dans les conversations, accepte les données émotionnelles comme partie légitime des discussions intellectuelles, utilise des histoires et paraphrases, change de directions et fait évoluer le groupe dans son ensemble vers une recherche mutuelle de compréhension. C’est un processus organique, non hiérarchique et non compétitif. Il pourrait en fait être qualifié d’anarchiste parce que les valeurs d’absence de leader et de hiérarchie, la non compétition et la spontanéité ont été historiquement associées à l’anarchisme. Ce sont aussi des valeurs féminines. A partir de ce que j’ai pu constater, ce mode de fonctionnement existe moins fréquemment dans les groupes mixtes. En réalité, il n’existe presque jamais dans les groupes anarchistes. La littérature anarchiste est remplie de documents sur l’exploitation par les anarchistes hommes des femmes anarchistes dans leur vie de tous les jours.[3] Ma propre expérience récente parmi des anarchistes de longue date , et même parmi la nouvelle génération, étaye ce point de vue.

Les principes anarchistes et leurs pratiques actuels de résolution des conflits. Il existe un sexisme au sein de l’anarchisme. Il est important pour l’anarchisme d’intégrer ce « processus féministe » dans leurs pratiques afin que, en définitif, les principes et les pratiques anarchistes ne fassent qu’un.

Il existe un certain nombre de féministes, moi y compris, qui ont pris conscience de l’anarchisme inhérent de notre procédé, et qui ont commencé à travailler en groupes pour étudier et évoluer en tant qu’anarcha-féministes. Cet hybride est apparu à la fin des années soixante alors que beaucoup d’entre nous étions engagées dans des organisations de masse, compétitives et hiérarchiques, dominées par les hommes. A cette époque (et encore de nos jours), dans la littérature anarchiste, on disait aux femmes de travailler pour le mouvement dans son ensemble. Au lieu de cela, beaucoup d’entre nous ont formé des petits groupes de sensibilisation qui traitaient des questions personnelles de notre vie quotidienne. C’étaient des groupes spontanés d’action directe que nous organisions nous-mêmes. Il existait beaucoup de groupes semblables dans l’Espagne d’avant 1936 qui pourraient être qualifiés de groupe d’affinité. Ceux-ci étaient fondés sur la similarité d’intérêts et avaient une démocratie interne à travers de la quelle les femmes pouvaient partager les informations et le savoir. Ces groupes étaient généralement composés de femmes blanches de la classe moyenne, qui se trouvaient souvent parfois dans une situation où elles n’étaient pas en situation de compétition les unes envers les autres. Les femmes du tiers-monde et de la classe ouvrière n’étaient généralement pas impliquées dans les groupes de sensibilisation, ce qui est aussi le cas dans les groupes anarcha-féministes aujourd’hui.

A partir de ces tous premiers débuts, une théorie féministe a lentement évolué. Quelques-unes d’entre nous ont commencé à étudier les théories politiques dans ces petits groupes et ont découvert l’anarchisme inhérent à notre féminisme. Nous avons commencé à utiliser les analyses anarchistes pour nous aider à développer notre théorie et notre stratégie pour le changement social. Quelques-unes d’entre nous pensaient que le patriarcat était une hiérarchie dominée par les hommes et que la famille nucléaire perpétuait cette hiérarchie. La famille, découvrions-nous, nous apprend à obéir au Père, à Dieu, aux Enseignants, aux Patrons et à tout ce qui est au-dessus de nous.[4] Elle nous apprend la compétition, le consumérisme et l’isolement, ainsi que la considération de l’autre dans une relation sujet-objet. Je l’ai vu clairement dans mon travail de thérapie familiale. Les familles nucléaires, je le sais maintenant, sont la base de tous les systèmes hiérarchiques autoritaires. Il en résulte que si l’on combat le patriarcat, on combat toutes les hiérarchies. Si nous changeons la nature de la famille nucléaire, nous pouvons commencer à changer toutes les formes de leadership, de domination et de gouvernements.

Suite à ces réflexions, quelques-unes d’entre nous attachons maintenant de l’importance à d’autres façon de considérer les choses. Nous ne devons plus voir le monde seulement à travers des modes de pensées linéaires ; rationnel vs. sensuel, esprit vs. corps, logique vs. intuition. Nous avons commencé à regarder ce qui nous entoure en termes de continuum plutôt qu’en des termes dualistes et compétitifs.[5] Nous avons découvert qu’il devait y avoir une place pour les deux modèles, linéaire et mosaïque, et que les deux étaient des méthodes pertinentes de pensée et de fonctionnement.

Si l’on continue à regarder le monde en ces termes, il en résulte que les anarcha-féministes ne prétendent pas que les femmes devraient obtenir une part égale du pouvoir. Au lieu de cela, nous disons qu’il faudrait abolir toutes les relations de pouvoir. Nous ne voulons pas une femme président. Nous ne voulons pas du tout de président. Pour nous un salaire égal à travail égal n’est pas une question cruciale. La répartition du pouvoir et les hiérarchies le sont.

Les groupes féministes suivent souvent les principes anarchistes. Quelques-unes d’entre nous ont exprimé cette relation. D’autres non, mais la forme est toujours présent, quelle soit consciente ou non. Nos groupes sont généralement petits et parfois, ils forment des alliances pour agir ensemble sur certaines questions. Cela ressemble au concept anarchiste de fédérations. Au sein des groupes, il existe une tentative de rotation de tâches et de partage de compétences, afin que le pouvoir ne réside jamais chez une seule personne. Selon les principes anarchistes, il existe un accès égal à toute l’information et ces groupes sont sur une base volontaire et intentionnelle. Ils sont non hiérarchiques et l’auto-discipline est cruciale. Les personnes non qualifiées sont incitées à prendre des postes de responsabilités et les leaders transmettent leurs compétences à celles qui ne possèdent pas de connaissances dans certains domaines. Nous travaillons dans ces groupes en mettant en pratique la révolution dans nos vies quotidiennes. Nous discutons à chaud de nos expériences d’oppression parmi nous mêmes et parmi ceux avec qui nous vivons. Nous travaillons sur des questions de tous les jours qui nous oppriment, et pas seulement sur des idées théoriques et abstraites de révolution.

Comme pratiquante, j’ai découvert que la question de la résolution des conflits était cruciale dans le développement de la cohésion dans ces petits groupes. Lorsque des conflits éclatent parmi nous, nous essayons de faire preuve d’auto-discipline et de nous mettre à la place de l’autre personne. J’ai rarement vu utiliser la coercition dans des petits groupes anarcha-féministe. Le désaccord est accepté, écouté et considéré comme enrichissant. Parfois, un point est contesté et un débat s’ensuit. Ce point est souvent écouté et compris parce que beaucoup d’entre nous réalisons que nos désaccords proviennent de différentes expériences de vie. Généralement, à la fin d’une session, le conflit a été résolu. Sinon, nous y revenons la fois suivante, ayant réfléchi plus avant sur la question. Nous en discutons ou le mettons de côté, le cas échéant. Il y a place pour le désaccord parce que se sont développées la confiance et le respect mutuel. Cette confiance est une qualité difficile à instaurer dans des groupes plus grands, ce qui peut expliquer pourquoi nous préférons toujours des plus petits. Nous avons appris que la communication était cruciale et, qu’à travers elle, nous pouvions parler de nos différences. Les conflits peuvent survenir, et surviennent régulièrement, parce que nous avons su les analyser.

Parce que nous voyons la nécessité de nous opposer au sexisme dans nos vies quotidiennes, quelques-unes d’entre nous ont ressenti le besoin d’affronter les hommes (anarchistes ou non) qui ne vivent pas dans leur vie personnelle ce qu’ils prêchent dans leurs vies politiques. On dit souvent que les femmes pratiquent l’anarchisme et ne le connaissent pas alors que quelques hommes se proclament anarchistes et ne le pratiquent pas. Quelques-unes d’entre nous ont travaillé à restructurer des organisations politiques mixtes afin que l’intuition, l’émotion et la spontanéité soient expérimentées par d’autres que des féministes. Dans quelques-uns de ces groupes mixtes, nous avons essayé d’introduire le processus de prise de décision par consensus qui fait habituellement partie des groupes de femmes. Ces tentatives n’ont eu, pour la plupart, qu’un succès limité. Généralement, la compétition, l’agressivité et le leadership dominateur ont pris le dessus dans ces groupes mixtes qui essayaient d’être anarchistes. Les conflits n’étaient pas aussi facilement résolus qu’ils ne l’étaient dans des groupes exclusivement féminins.

On peut trouver des groupes anarcha-féministes dans le monde entier. Un de ces groupes, Tiamat, un groupe d’affinité anarcha-féministe de Ithaca, New York a existé de août 1975 à août 1978. J’en étais membre et je pense que Tiamat est un excellent exemple de l’anarcha-féminisme en action. Nous avions pris le nom de Tiamat en référence au livre de Z. Budapest qui décrivait ce mythe « Lorsque Tiamat créa le monde, elle le créa complet et sans division afin que la vie s’écoule spontanément entre l’obscurité et la lumière, la saison et la saison, la naissance et la mort et toutes les faces de la lune et du soleil brillaient sur les êtres intelligents, les humains, sans être séparés, classés en catégories, analysés, possédés. Puis le fils de Tiamat développa son pouvoir et renversa sa mère, la découpa en tous petits morceaux et les éparpilla. De ces morceaux, il fit son nouveau monde, où tout avait sa place attitrée, son numéro. De là, les hommes l’appelèrent le créateur. Le nom de Tiamat était encore connu et elle était vénérée par les femmes mais les hommes la craignait désormais comme la déesse du Chaos, de la destruction, — de l’ anarchie. »[6]

Notre premier objectif était d’étudier et la première année et demie, nous avons lu ensemble ce qui concerne la théorie anarchiste. Ensuite, chacune d’entre nous a présenté les idées et théories sur lesquelles nous avions fait des recherches. Plus tard encore, nous avons publié un bulletin (Anarcha-Feminist Notes.[7]), financé par la Anarcha-Feminist Conference et nous sommes impliquées dans des questions politiques locales. Nous avons protesté, par exemple, contre la construction d’une galerie marchande, collecté de l’argent pour un centre de soins de jour pour les dissidents politiques au Chili. Nous voulions l’essor du politique, la ré-éducation, la critique, la discussion et l’action, et tout cela fut fait.

Notre procédé était intéressant. Nous utilisions une procédure appelé « prise de nouvelles » [check-in] où chacune d’entre nous parlions de nos vie sur le moment, des problèmes auxquels nous étions personnellement confrontés et comment nous nous sentions à l’écoute de ce que nous allions discuter ce soir-là. Parfois, nous passions la session entière à la prise de nouvelle, ou à discuter des nouvelles de l’une des participantes ou d’une question abordée par la prise de nouvelles. A d’autres moments, nous abordions des questions intellectuelles. A travers la prise de nouvelles, nous devenions responsables les unes des autres et avons commencé à nous connaître plutôt bien. Souvent nous nous faisions l’avocate du diable afin de pouvoir nous plonger profondément dans un désaccord politique. Tout cela se déroulait dans une atmosphère de confiance qui se développait au fil du temps. Du fait de nos différences dans nos perceptions et styles de vies, nous pouvions apprendre beaucoup les unes des autres. Ces différences étaient aussi la source de nombreux conflits. La moitié du groupe était hétérosexuel et l’autre moitié lesbienne. Nos vies personnelles étaient souvent sources de tension à cause de cela, mais nos similarités quant aux perspectives et à nos idées politiques et au travail à faire aidaient souvent à dépasser nos différences. Nous étions un groupe centré sur le féminisme qui était intellectuel mais orienté vers l’action. Parfois, nous étions très linéaire et logiques dans nos études mais il y avait toujours place pour l’émotion et le soutien. Nous ressentions toutes qu’il y avait un quelque chose d’inexplicable qui nous a maintenu toutes ensembles malgré nos différences pendant trois ans. Nos études comprenaient l’anarchisme russe , espagnol, l’anarcho-syndicalisme et l’anarcho-communisme. Nous étudions la Chine, les premiers anarchistes américains et comment nous, en tant que anarchistes, pouvions vivre ces principes dans nos vies. Nous discutions de la vie avec les hommes, du mariage et de la question d’avoir des enfants et ayant des enfants.Nous débattions du séparatisme et de ses effets sur le mouvement des femmes. Nous étudions la question du salaire pour le travail domestique et de l’énergie nucléaire du point de vue des femmes. Nous organisions des fêtes à l’occasion d’anniversaires, des pique-niques et des anti-célébrations du 4 juillet. Nos défilions ensemble dans des manifestations, avons aidé d’autres groupes anarcha-féministes à démarrer et avons échangé des lectures et un soutien mutuel. Nous étions profondément attentionnées les unes envers les autres et quand nous nous rencontrions dans d’autres endroits, nous ressentions une profonde unité et camaraderie.

Au bout de trois ans, deux des neuf membres ont quitté la région. Une autre membre s’est désengagée peu à peu, ressentant le besoin à ce moment d’un plus grand engagement dans la communauté lesbienne. Par conséquent, les six d’entre nous qui restaient n’ont pas jugé approprié de reconstruire un groupe qui avait été une entité si unique. Au lieu de cela, nous avons considéré sa disparition positivement, sentant qu’il était maintenant temps pour chacune d’entre nous d’aller vers de nouvelles directions. Quelques-unes d’entre nous rejoignirent un groupe d’affinité de femmes anti-nucléaire, d’autres la Lesbian Alliance, d’autres encore travaillèrent avec un groupe mixte sur des questions écologiques.

Avant la dissolution du groupe, nous avons organisé une Conférence anarcha-féministe qui a rassemblé quatre-vingt cinq femmes de provenances aussi diverses que l’Italie, Toronto, Boston, New York, Baltimore et Philadelphie. Bien que Tiamat et ses sympathisantes étaient les organisatrices, les responsabilités furent partagées une fois les participantes toutes arrivées. De nombreux ateliers furent organisés, comprenant l’anarcha-féminisme et l’écologie, la théorie anarcha-féministe, les perspectives d’avenir, les femmes dans le tiers-monde, le travail avec les hommes et la construction d’un réseau anarcha-féministe, pour n’en citer que quelques-uns. Le cadre était idyllique. Nous nous sommes rencontrées dans une nature préservée près du Lac Cayuga. L’hébergement rustique, la nourriture saine et savoureuse et le temps parfait, ensoleillé et chaud, en ont fait un week-end idéal. Pendant la journée, nous nous rencontrions en groupes et le soir nous jouions de la musique, partageions de la poésie et dansions sur des musiques de femmes. Une femme, Kathy Fire chanta des chansons de son album “Songs from a Lesbian Anarchist.”[8]

Par nos discussions, nous avions découvert la nécessité de garder nos groupes petits. Des groupes de plus de dix membres inhibaient la conversation. Il semblait aussi qu’un leadership désigné était important. Le rôle de leader aurait pu tourner, mais il était important qu’il y ait quelqu’un qui puisse reconnaître celles qui parlaient, pour éclairer la discussion, la résumer et faire évoluer le groupe vers de nouveaux thèmes. Nous avons découvert que le leadership fonctionnait mieux lorsqu’il ne reposait pas entre les mains de quelques-unes. A un moment de la conférence, des participantes ont jugé que le calendrier des ateliers était trop chargé et par le procédé de la prise de décision par consensus, un nouveau programme fut mis en place. Nous avons peiné, des tensions sont apparues, mais à la fin, nous avions atteint ensemble un autre niveau. Il n’y avait pas de situations de pouvoir, les décisions étaient prises par toutes, le partage était spontané, douloureux, mais ouvert et le leadership tournait. C’était un exemple d’anarchisme en pratique. Plus tard, lors du cercle d’adieu, après un week-end assises nues au soleil, 85 femmes se sont tenues par la main, et ont repris des forces par le groupe. Nous étions liées ensemble par notre vision d’une société nouvelle et par ce que nous avions vécu ensemble. Nous avions pris des contacts pour notre travail futur. Nous n’étions plus des individus ou des groupes isolés. Nous appartenions à un réseau plus large de femmes qui pourraient se rencontrer partout dans le monde et avoir des idées et des espoirs semblables. Nous avons commencé des journaux, aux rédactions tournantes, prévu de continuer notre journal Anarcha-Feminist Notes et beaucoup d’entre nous, de se rencontrer à Seabrook et dans d’autres manifestations anti-nucléaires.

Tiamat et la Conférence Anarcha-Féministe ne sont que deux exemples du processus anarcha-féministe. D’autres groupes incarnent ces principes sans prendre conscience de l’anarchisme qu’ils contiennent. Récemment, j’ai enseigné à des petits groupes de niveau universitaire. J’ai essayé, au sein de ces classes, de transmettre tous les procédés décrits ci-dessus à des étudiants blancs, issus des classes moyennes,principalement des femmes, en menant les cours de manière très semblable à une réunion anarcha-féministe. Ici, les étudiants sont traités avec attention et respect. Ils ont commencé doucement à partager intellectuellement et personnellement. A la fin du semestre, ils ont pris conscience qu’ils pouvaient apprendre beaucoup les uns des autres et en regardant en eux-mêmes au lieu de se tourner vers un expert extérieur issu de la hiérarchie pour leur transmettre un savoir. A travers ce processus, ils ont acquis du pouvoir sur leur vie et, par la suite, dissous les relations de pouvoir au sein de la classe. J’ai vécu l’expérience ici, à travers laquelle ces étudiants privilégiés sont passés directement et consciemment de l’état de fervent capitalistes à celui de collectivistes en herbe sans avoir été dans la gauche révolutionnaire. Il est possible d’arriver à ces conclusions anarchistes à travers des expériences comme celles-ci.

A partir de mon expérience avec des femmes dans différents groupes , il est clair pour moi que le temps est venu pour les féministes de clarifier et d’exprimer ouvertement l’anarchisme de notre féminisme. Nous avons le besoin de l’appeler par son nom et de commencer à la bâtir comme alternative viable et acceptable. On ne doit pas chuchoter plus longtemps le mot “anarchisme”. Nous le vivons maintenant. Dans nos petits groupes. La prochaine étape est de faire savoir, à nous et aux autres, qui nous sommes et quelle est notre vision du présent et de l’avenir.

[1] Cooper, Babette, Kaxine Ethelchild et Lucy White. “The Feminist Process : Developing a non-competitive process with work groups,” Août 1974, non publié.

[2] Ibid.

[3] Goldman Emma et Alexander Berkman. Nowhere at Home. Richard Drennon, Ed. Shocken Books. New York. 1975. pp. 185–107.

[4] Kornegger, Peggy. “Anarchism the Feminist Connection.” Second Wave, 4 : 1. Printemps, 1975. p. 31 Anarchisme : La Connexion Féministe sur R&B https://racinesetbranches.wordpress.com/anarcha/anarchisme-la-connexion-feministe/

[5] Ibid. p. 32.

[6] Jenny Reece tel que reproduit de Budapest, Z. and the Feminist Book of Lights and Shadow Collective. The Feminist Wicca, Lincoln Boulevard, Venice, California. 90291. 1975.

[7] NDT : Accessible en ligne : Anarcha-feminist Notes Printemps 1977 Vol 1 n°2 http://dwardmac.pitzer.edu/Anarchist_archives////coldoffthepresses/AFN/Anarcha-Feminist%20Notes%20vol.%201%20no%202.pdf ; septembre 1977 Vol 1 n°3 http://dwardmac.pitzer.edu/Anarchist_archives////coldoffthepresses/AFN/Anarcha%20Feminist%20Notes%20vol.%201%20no.%203.pdf

[8] NDT : Kathy Fire Songs Of Fire / Songs Of A Lesbian Anarchist Folkways Records ‎– FS 8585 1978, dont est extrait Mother Rage https://youtu.be/xulZCsNviAo et un article The sound of Sappho : Kathy Fire’s « Mother Rage » http://streetcarnage.com/blog/the-sounds-of-sappho-kathy-fires-mother-rage/


Consulté le 7 mai 2016 de http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?p=220728#p220728
Texte original : Feminism as an Anarchist Process : The Practice of Anarcha-Feminism, Elaine Leeder. || Blog de Elaine : http://www.sonoma.edu/users/l/leeder/index.htm || Traduit par digger.