Anarchistes révolutionnaires antispécistes

Ni genre ni patriarcat : Anarchie !

« La bonne nouvelle, c'est qu'on peut changer les normes » « On sait ce que c'est l'argument de l'individualisation, y a rien de plus dépolitisant. Si on dit que chaque personne a son identité de genre ou son genre parce que chaque personne est différente, on ne fait même pas de politique, ni même de féminisme »
- Sam Bourcier, Université de Toulouse II-Le Mirail, Décembre 2012

On ne détruit pas un rapport de pouvoir en gardant et réformant ses institutions. Le genre soumet les individus à des entités abstraites auxquelles ils devront se conformer. Cette hiérarchisation s’établit arbitrairement sur les attributs génitaux. C’est en présumant l’existence de sexes « fort » et « faible » que le patriarcat s’érige en norme. Les sciences et la médecine moderne ont repris cette bicatégorisation mais ne l'ont pas créée. En s'impliquant dans les protocoles de réassignation de sexe, les médecins ont défini au début du XXe siècle ce qui se nommait le « rôle de genre ». Selon eux, les enfants qui témoignaient d'une « ambiguïté sexuelle » devaient (et doivent encore) être identifiables comme « mâle » ou « femelle ». Ainsi, l'individu assigné au « bon sexe » devra être conforme aux rôles de genre et au comportement sexuel dominant (hétérosexualité).

L‘organisation sociale sexiste (le patriarcat) ne disparaîtra pas en arrêtant seulement de parler du genre, puisque cette forme de gouvernement et ses injonctions à la féminité/ masculinité ont été intériorisés. Répondre à son genre peut être terriblement frustrant et violent parce que notre existence est cantonnée dans des rôles et des comportements pré-définis. C’est au quotidien que les sexistes nous rappellent que nous devons être des « femmes » ou des « hommes », que nous devons correspondre à l'assignation de sexe imposée par les médecins. Lutter contre le sexisme c’est donc lutter contre tout ce qui nous réduit à un sexe.

Que veut dire « être une femme », que veut dire « être un homme », mais surtout « qui suis-je » ?

Plusieurs féministes n’ont pas compris que le sexisme est une abjection produit par le genre et qui s’appuie sur la bicatégorisation de sexe. Lorsque Sam Bourcier nous dit que l’on peut changer les normes, il nous dit que le problème se trouve dans l’inégale considération entre les genres. C’est un propos réformiste qui ne vise pas à s’attaquer aux fondements-même de l’organisation sexiste. Or, lutter contre le patriarcat (qui ne se résume pas à la lutte contre le sexisme) veut dire lutter contre ses fondements mais aussi contre tous les rapports de pouvoir.

Pour les unes il s’agit de lutter avec « leurs sœurs » et pour d’autres il s’agit de lutter, mais pas seulement, avec « leurs cis-ters » (sœurs « cisgenres »). Or, un individu classé homme ou femme, qui a une possibilité de choix – si minime soit-elle –, et qui accepte une fonction d’oppression est un adversaire. Par conséquent, il ne sera pas simple de lui faire renoncer à ses intérêts car il peut jouir de cette fonction de pouvoir qu’il a naturalisé jusqu'à en ignorer ses propres souffrances.

Le travail, les foyers, la rue, les lieux de cultes, l’intimité, voire même les milieux anti-autoritaire nous empêche de vivre pleinement. Lorsque les réactionnaires patriarcaux appellent au nationalisme ou à la Foi, tous deux vecteurs de sexisme, ils ne font que mentir sur leurs intentions. Comment peut-on encore penser qu’ils puissent être susceptibles de transmettre un discours émancipateur, alors même qu’ils attribuent un rôle social et sexué aux individus ?

Nous ne voulons pas plus de femmes au sein du monde patronal, nous ne voulons pas d’un capitalisme plus tolérant. Nous voulons détruire le capitalisme en affrontant ceux qui le rendent possible.

Ce système économique s'adapte en permanence aux contradictions qu'il produit. Parce que les individus classés femmes sont aussi exploités dans la division du travail, nous nous opposons aux assignations des métiers de femmes et d'hommes, excluant les personnes trans. Le travail n’a jamais été une libération ni pour les femmes, ni pour les hommes. Les féministes bourgeoises réformistes sont totalement déconnectées des réalités sociales et des mesures répressives qui pèsent sur les individus en situation de précarité . Aujourd’hui, ces féministes se battent pour la parité, c’est-à-dire pour l’égalité au sein de l’Assemblée Nationale, à la télé, dans la publicité, à la tête du gouvernement ou, plus exactement, pour maintenir un capitalisme prospérant sans menace. Chacun veut sa part du gâteau (marchand) et lutte pour conquérir le pouvoir.

Nous ne voulons pas de justice et de prisons plus « humaines  », nous voulons les anéantir. Nous ne voulons pas non plus d’un féminisme théo-compatible, nous voulons blasphémer contre toute divinité n'existant que dans « l'imaginaire social  ». Nous ne voulons pas non plus d’un féminisme racialiste puisqu’il sert automatiquement des intérêts politiques identitaires, une vision du monde rétrograde qui ne fait exister l'autre que par sa prétendue race. Si nous voulons en finir avec ce monde, il nous faut refuser toutes ces catégories du pouvoir qui divise et assigne des identités fixes aux individus, mais pas moins illusoires. Refuser l'antisémitisme, toutes les formes de racisme et de xénophobie d'où qu'elles viennent : des fascistes, des conspirationnistes, des néo-staliniens, des nationalistes de gauche, des éditeurs qui publient des pamphlets antisémites comme par exemple « Les Blancs, les Juifs et nous... ».

Parce que nous ne voulons plus de ce monde insupportable et abject, il n’y aura pas de compromis et nous ne plierons pas.